U comme Us et coutumes

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La Ste Catherine (25 novembre) et la St Nicolas (6 décembre) en Artois, Archives du Pas-de-Calais

Malgré les films d’époque, il demeure difficile d’imaginer la vie quotidienne de nos ancêtres durant une période marquée par d’importants changements tant politiques comme les guerres et les renversements de gouvernement, que sociétaux comme les progrès industriels et l’exode rural.

Mon arrière-grand-mère connaissait les us et coutumes de son village natal dans l’Aisne

Cependant, les monographies établies, vers 1884, par les instituteurs des communes de France semblent témoigner d’une vie relativement simple et paisible. Certaines régions étaient plus pauvres que d’autres mais dans l’ensemble la vie quotidienne se ressemblait d’une région à l’autre.

Si presque tous les départements en ont gardé des copies, celles-ci manquent pour la plupart des villages de mes ancêtres excepté pour Bouconville-Vauclair, où vivaient Jean Pierre François Leclerc (1767-1807), monoeuvrier et son épouse Marie Louise Mauroy (1766-1849) mes ancêtres de 6e génération et où est née leur fille Marie Louise Antoinette Leclerc (1801-1864) la grand-mère de mon arrière-grand-mère Aline (voir A comme Aline). Excepté aussi pour Filain d’où résidaient Nicolas Marchand (1782-1843), cultivateur et son fils François Nicolas (1809-1847), cultivateur et maçon, mes aïeuls de 6e et 5e générations.

Ces monographies abordent, entre autres, la vie quotidienne et sont une mine d’informations sur les conditions de vie de la population rurale de l’époque. J’y ai donc relevé les éléments qui concernent l’architecture des maisons, l’alimentation, les animaux domestiques, les loisirs, fêtes et célébrations ainsi que le langage et la composition des familles.

Femmes venant chercher de l’eau à la fontaine de Chavonne, dans l’Aisne à une dizaine de kilomètres de Pargny-Filain
Centre-ville de Bouconville avec ses maisons en rangée et un cheval à droite qui sort d’un hangar

Architecture des habitations :

Les monographies abordent peu la question de l’architecture à part pour dire qu’il n’y a rien à mentionner, excepté pour les châteaux et les églises. Cependant, quelque chose est mentionné au sujet des jardins et fenêtres fleuries.

« À Filain les fleurs sont les bienvenues de tous. Il est rare de voir une fenêtre qui n’ait son armure de pots de fleurs. Quelques jardins offrent de nombreuses variétés de dahlias, de cinéraires, de pélargoniums. Çà et là, pendant l’été le volubile et la clématite font l’office de stores et empêchent une lumière trop vive de pénétrer dans quelques appartements.  » Monographie de Filain p 14/15 Archives départementales de l’Aisne

La monographie de Bouconville nous en dit un peu plus :

« Les habitations, d’aspect agréables, sont construites en pierre. Bon nombre ont un premier. Toutes les façades donnent sur la rue principale. Les maisons sont agglomérées sur un espace relativement restreint et ne laissent aucun intervalle entre elles. Les cours et jardinages sont situés sur le derrière. On y arrive par des espèces de hangars appelés chartils. Les toitures en chaume ont complètement disparues ; elles ont fait place aux toitures en ardoise et surtout en tuiles. » Monographie de Bouconville p 4/61 Archives départementales de l’Aisne

Cultures et élevages :

Mes grands-parents Gourcy, dans le Gard, avaient un grand potager auquel mon grand-père travaillait tous les jours. Il cultivait aussi des fleurs qu’il vendait. Ma grand-mère s’occupait du poulailler, nourrissait les poules et ramassait les oeufs. Tous les jours, ils mangeaient des aliments frais qu’ils avaient produits.

Similairement quand on allait dans le Poitou, la vieille dame qui était notre voisine cultivait son potager et élevait des poules et des lapins. Toutes les maisons, incluant la nôtre, avaient une étable. Probablement qu’à une certaine époque beaucoup d’agriculteurs et de commerçants avaient leur cheval ou leur âne afin de se déplacer surtout dans les communes éloignées des services. Ce sont d’ailleurs les premiers nommés par les instituteurs :

Monographie de Filain p 14/15 Archives départementales de l’Aisne

« Les animaux qu’on rencontre à Filain sont : le cheval, l’âne, le boeuf, la vache, le mouton, la chèvre, le porc et le lapin. Ce sont les animaux domestiques de partout. Sur les toits de quelques maisons roucoulent des pigeons. Les basse cours sont peuplées par la poule, le canard, l’oie et la dinde. Chaque ménage, pour ainsi dire, se paie la fantaisie d’un chat et même d’un chien. » « …D’après un recensement récent, il existe à Filain 51 chevaux, 8 ânes, 69 bêtes à cornes et 620 moutons. Les porcs et … au nombre de 59 ; il y a 5 chèvres. On compte 41 ruches d’abeilles. Le nombre d’animaux est presqu’ invariable. A la Royère la ferme, il y a 29 chevaux. Le village n’en possède donc que 22. Par contre, toutes les vaches 60 sont à Filain.« 

Alimentation :

Ainsi côté alimentation, la diète de mes ancêtres était principalement végétale et provenait de leur potager. S’ils le pouvaient, ils tuaient un cochon pour l’hiver. Le reste du temps, c’était du lapin qu’ils avaient probablement élevé ou chassé ou encore une poule ou bien un poulet sinon ils se contentaient des oeufs.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est image-18.pngMonographie de Bouconville suite p. 17/61 Archives départementales de l’Aisne

Les habitants de Bouconville sont généralement robustes ; leur constitution, ne se distingue en rien de celle des autres populations. Ils sont très serviables, très gai et pour la plupart ont bon caractère, On remarque beaucoup d’union. La nourriture est surtout végétale. La plupart des ménages ont une vache ou une chèvre et élèvent un porc. On trouve presque partout des poules et des lapins. Ces derniers surtout entrent pour une large part dans l’alimentation. Ce n’est que dans de rares occasions que la population ouvrière se paye de la viande de boucherie qui n’est guère consommée que par la population aisée. La principale boisson est le vin mais on fait aussi usage de cidre et de bière. Le café et l’alcool sont consommés dans une assez forte proportion.

A Braye-en-Laonnois, dans l’Aisne l’épicerie C. Chenu qui fait office d’hôtel et de café offre aussi un billard

Loisirs, fêtes et pèlerinages :

Coté loisirs peu de choses s’offrent à eux à part en fin d’année, soit une fois les travaux des champs terminés. De plus, plusieurs fêtes religieuses semblent avoir été abandonnées. Pour Bouconville, voici ce que la monographie, qui est parmi les plus détaillées, mentionne :

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est image-20.pngMonographie de Bouconville p 17 et 18/61 Archives départementales de l’Aisne

Les cartes et le billard sont les seuls jeux qui divertissent la population. Les cafés sont très fréquentés surtout le dimanche, jour où le village n’est pas sans une certaine animation. La fête patronale de Bouconville a lieu le dimanche qui suit le 25 octobre ou ce jour lui-même s’il est un dimanche. Seule de toutes les fêtes des environs elle a conservé son aspect d’autrefois. Depuis 1880, la fête nationale se célèbre avec beaucoup d’entrain. La commune y consacre une somme annuelle de 150 F. Les jeunes gens fêtent Saint Nicolas, les demoiselles sainte Catherine, les Pompiers Ste Barbe fête pour laquelle une somme de 100F leur est allouée ; les maréchaux, charrons, cultivateurs Saint Eloi ; les bûcherons St Sabot qui tombe ou plutôt qu’ils font tomber le dernier jeudi gras. Le mardi gras qui était autrefois l’objet de réjouissances dont on ne peut se faire l’idée sans y avoir assisté est complètement oublié aujourd’hui.

« Chaque année, le lundi de Pâques, un pèlerinage important se fait à la chapelle et à la fontaine de Ste Berthe. Nombre de vieilles femmes se sont munies d’une fiole qu’elles rempliront à la fontaine. L’eau de Ste Berthe passe pour agir contre les fièvres. Le pèlerinage est suivi d’une fête mondaine qui je pense est le great attraction de la journée. » Monographie de Filain p 5 et 6/15 Archives départementales de l’Aisne


Langage :

Monographie de Filain p 14/15 Archives départementales de l’Aisne

Le langage de Filain est celui de tout le Soissonnais : à part un léger accent de terroir, à part quelques locutions vicieuses, c’est un français assez pur. On dit, par exemple, nous font, ils mangeons au lieu de nous faisons, ils mangent. L’amour pour les livres est grand à Filain où on lit beaucoup. Partant, peu d’illettrés : 5 hommes au plus ne savent signer.

Même constat à Bouconville où l’instituteur considère que :

Le Français plus ou moins correct est la seule langue dont on fasse usage. Il n’y a pas de patois particulier. En dehors de quelques expressions anciennes employées surtout par les vieillards, on parle assez bien. Presque tous les habitants savent lire et écrire et il est bien rare de rencontrer des personnes ne sachant pas signer.

Composition des familles :

Alors que la majorité de la population française est encore rurale, l’instituteur de Filain déplore déjà le phénomène de dénatalité qu’on peut observer sur l’ensemble du territoire français.

Monographie de Filain p 14/15 Archives départementales de l’Aisne

D’autre part, on ne voit plus à Filain, comme autrefois, de ces familles nombreuses qui faisaient l’orgueil de leurs auteurs. On peut presque dire qu’aujourd’hui la venue d’un enfant est considérée comme un châtiment quand jadis on le regardait comme une bénédiction.

Comme je l’ai dit plus tôt, ces monographies sont une mine d’informations qui m’offrent un aperçu de la vie quotidienne de mes ancêtres. Je suis loin d’en avoir fait le tour et compte y revenir dans de prochains articles.

Publié par L'abécédaire de mes ancêtres

Bonjour, D'origine française, je vis au Canada depuis plus de 40 ans. Généalogiste amateure, j'essaye de retracer la vie de mes ancêtres. Grâce à l'aide inestimable de parents mais aussi à des photos d'époque et à des articles de journaux ainsi qu'à des documents d'état civil et d'archives, je m'efforce de remonter le temps. Les articles réunis dans ce blogue sont principalement destinés à ma famille mais aussi à toute personne intéressée à l'histoire du quotidien et de gens ordinaires ayant mené une vie supposément sans histoire. Dominique G.

3 commentaires sur « U comme Us et coutumes »

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