
Les anniversaires semblent se succéder ces temps-ci que ce soit le cent cinquantième de la guerre de 1870, l’an dernier ou les deux cents ans de la mort de Napoléon prévus pour mai prochain, ou bien-sûr, ces jours-ci, le cent cinquantième de la Commune.
Comme mes ancêtres travaillaient comme ébénistes, sculpteurs sur bois ou vernisseurs dans le quartier du Faubourg St Antoine, on a longtemps présumé dans la famille qu’ils avaient participé aux émeutes. Personnellement, j’en doute mais ce qui est certain c’est qu’ils les ont subies surtout qu’ils étaient au coeur de l’action. Mais qu’en était-il vraiment?

https://histoire-image.org/fr/etudes/paris-enflamme-commune
Alors que les Parisiens avaient résisté aux Prussiens pendant plusieurs mois d’hiver et de famine, que Napoléon III avait été fait prisonnier et que le gouvernement provisoire avait signer un armistice et s’apprêtait à capituler devant l’ennemi, les Parisiens se sont révoltés. La révolte ne dura que 72 jours. Journées durant lesquelles ceux qu’on a appelé les Communards voulaient renverser le gouvernement de la nouvelle troisième république majoritairement conservateur et monarchique, qui s’était réfugié à Versailles. Ils s’inscrivaient dans un mouvement libertaire et anticlérical que plusieurs ont associé à la lutte des classes ouvrières mais ils menaient aussi une guerre fratricide qui reçut fort peu de soutien de l’élite, et de la plupart des journaux et intellectuels français. Commencée le 18 mars 1871, alors que la population, femmes et enfants compris, cherchait à protéger les canons qui avaient défendu Paris contre les Prussiens mais que le gouvernement de Versailles voulait récupérer, elle se termina par la « semaine sanglante » du 21 au 28 mai qui mit Paris à feu et à sang.
« L’attitude de l’Assemblée, royaliste et pacifiste, qualifiée d’« assemblée de ruraux » par les Parisiens, contribue à l’exacerbation des tensions. Le 10 mars 1871, elle transfère son siège de Paris à Versailles parce qu’elle voit, à juste titre, dans Paris « le chef-lieu de la révolution organisée, la capitale de l’idée révolutionnaire ». Par une loi du même jour, elle met fin au moratoire sur les effets de commerce, acculant à la faillite des milliers d’artisans et de commerçants, et supprime la solde d’un franc cinquante par jour payée aux gardes nationaux. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_de_Paris

Ce soulèvement populaire concerne environ la moitié des 1,8 millions de Parisiens. La population est alors divisée entre les quartiers riches à l’ouest incluant les 7e, 8e, 16e et 17e arrondissements, les quartiers centraux habités par une population mixe tandis que les classes populaires résident principalement à l’est dans les 10e, 11e, 12e, 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements. Dans ces quartiers à forte représentation d’ouvriers, d’artisans et de petits commerces, la colère gronde alors qu’ils se sentent trahis par le nouveau gouvernement et rêvent d’une plus grande égalité entre les classes et d’un accès à de meilleurs chances grâce, entre autres, à une éducation laïque et gratuite.


Or mes ancêtres demeuraient justement dans le 11e arrondissement, rue du Faubourg St-Antoine à quelques centaines de mètres de la place de la Bastille, ou encore rue de Charonne. Comme on peut le voir sur les plans établis ces deux voies étaient bloquées en multiples endroits par des barricades.


Voilà probablement ce qui explique qu’une Joséphine Guillaumant, épouse d’un certain Fromentin, se soit retrouvée dans une rafle de police et jetée en prison. Il s’agit assurément de la cousine germaine de mon arrière-arrière-grand-père, Louis Frédéric Guillaumant. Il est cependant curieux qu’elle soit identifiée comme épouse Fromentin car à l’époque, elle était veuve en premières noces de Louis Isidore Fromentin et en deuxièmes noces d’Isidore Benjamin Huard. Alors âgée de 50 ans, elle était giletière à Paris. Six mois plus tard, soit le 19 novembre 1971, elle sera acquittée lors de son procès devant le conseil de guerre, qui se solde par un non-lieu. Ils seront des milliers dans la même situation alors que des milliers d’autres seront soit exécutés soit envoyés au bagne.
Si mes ancêtres partageaient plusieurs des aspirations des Communards, je doute qu’ils en aient approuvé les méthodes et dans certains cas les valeurs. Ainsi, la plupart des leaders du mouvement étaient anticléricaux ce qui n’était pas le cas de ma famille qui a fait baptiser tous ses enfants et a célébré tous ses mariages et probablement ses enterrements à l’église Ste Marguerite. Parisiens de première et deuxième générations, leur but était de travailler fort et de se soutenir collectivement afin de s’en sortir et de s’élever dans l’échelle sociale. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont fait. Dès 1872 ou 1873, la famille a quitté le Faubourg St Antoine pour aller s’établir dans un des quartiers du centre de Paris, rue Monsieur le Prince où mon aïeul a ouvert un magasin de meubles, proche du théâtre de l’Odéon.
« Les premiers incendies particulièrement spectaculaires de la « Semaine sanglante » furent provoqués par les bombardements versaillais sur le Champ-de-Mars et sur le ministère des Finances. Ces tirs à boulets rouges devaient permettre aux troupes versaillaises de gagner du temps et de pénétrer plus facilement dans la capitale… Partagée entre stratégies tactiques et actions symboliques, la Commune alluma à son tour des feux pour faire diversion et pour entraver la progression des versaillais… » https://histoire-image.org/fr/etudes/paris-enflamme-commune

L’autre conséquence majeure de la Commune est la perte de 8 millions d’actes consignés en double dans les registres d’état civil et conservés l’un à l’Hôtel de ville de Paris et l’autre au Palais de Justice.
Dès la promulgation de la loi du 12 février 1872, qui chargeait le ministère de la Justice de former une commission pour reconstituer les actes d’état civil détruits, les familles se sont affairées pour rassembler les documents nécessaires au soutien de leurs demandes. Ils ont bien-sûr commencé par les documents qu’ils avaient en leur possession mais ils se sont aussi adressés à leur lieu de culte, aux hôpitaux, aux cimetières, à l’armée et à l’administration de l’assistance publique ou pénitentiaire lorsque cela s’appliquait.
Par cette loi, le gouvernement demandait la collaboration du plus grand nombre pour reconstituer les archives détruites, les mairies étaient supposées contacter leurs citoyens pour leur demander de produire tout document en leur possession. Il en était de même pour les lycées, collèges et facultés, les fonctionnaires administratifs et judiciaires, les juges de paix et les notaires, etc. Enfin les mairies étaient supposées recréer un double des registres de 1860 à 1871 dont la copie avait été détruite dans l’incendie du Palais de justice.
Les archives de Paris viennent de mettre en ligne certains des documents ayant permis de reconstituer environ un tiers des actes détruits. Cela nous permet d’apprécier les efforts déployés auprès d’autres instances pour rétablir les preuves d’identité de milliers de citoyens. Les dossiers soumis étaient ensuite évalués par la Commission de reconstitution qui émettait alors un nouvel acte à l’entête de la préfecture de la Seine.
Pour l’instant, seulement les documents relatifs aux naissances et aux mariages sont accessibles. Cependant, ce sont probablement les plus riches.


Il est à noter que bien que l’article 13 de la loi stipule que « La déclaration pour les mineurs, les femmes mariées et les autres incapables, sera faite par les tuteurs, maris ou représentants légaux.« , ce sont souvent les femmes qui se sont occupées de faire les déclarations pour leur famille. En exemple, cet extrait de déclaration faite par Jeanne Claude Boulet le 30 décembre 1875 et soutenue par le bulletin remis par la mairie de l’ancien 8e arrondissement lors de la déclaration de naissance de son fils en avril 1854.
Marie Félicité Gamard, mon ancêtre de cinquième génération, morte en 1870, a eu neuf enfants nés à Paris entre 1828 et 1840 : sept garçons et deux filles. Parmi ceux-ci, j’ai pu répertorier quatre mariages et la naissance de sept petits-enfants, pour lesquels des démarches ont été entreprises. Certains de ces documents sont une mine d’informations qui m’ont permis de confirmer de nombreux renseignements et même de répertorier de nouveaux parents.
Good description. I liked the comments about how the situation might have affected your family
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There is so much romantism about the Commune. Although, what they were demanding is now taken for granted, this was a violent period.
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