E comme Entreprise Guillaumant père et fils 2/2

La rue du Faubourg-St-Antoine Geneanet : https://www.geneanet.org/cartes-postales/view/5266357#0

Dans mon article précèdent je vous ai raconté la brève histoire des entreprises Constant Guillaumant père et fils qui comprenait trois magasins sis 33 rue du Faubourg Saint-Antoine et 8 rue de Charonne. L’aventure avait tourné court à la mort prématurée de Constant qui n’avait que 55 ans. En 1856, soit trois ans plus tard, on perd la trace des trois magasins. L’entreprise n’aura existé que trois ou quatre ans.

Plusieurs membres de la fratrie Guillaumant vivent à proximité les uns des autres dans le quartier du Faubourg-St-Antoine

En plus d’y travailler, la famille vivait dans l’immeuble sis au 33, rue du Faubourg Saint-Antoine et, grâce à différents documents, on sait qu’elle y est demeurée au moins jusqu’en 1862 alors qu’un des fils cadets, Albin Joseph Nicolas, sculpteur sur bois, âgé de 22 ans, se marie. Son frère Louis Frédéric, vernisseur, qui est aussi son premier témoin, habite alors au 48 rue de Charonne tandis que son beau-frère Eugène Cuche, sculpteur, demeure au 17 rue Keller, soit à quelques centaines de mètres les uns des autres. D’ailleurs, après son mariage Albin Joseph Nicolas va déménager juste à côté au 18 rue Keller. La mère âgée de 62 ans, se dit couturière.

Les principaux axes créés ou transformés sous le Second Empire et au début de la Troisième République. https://fr.wikipedia.org/wiki/Transformations_de_Paris_sous_le_Second_Empire

Les Guillaumant étaient bien intégrés au quartier du Faubourg Saint-Antoine dans lequel ils avaient grandi et prospéré. Mais leur ville et leur quartier étaient en train de changer profondément et rapidement. De 1853 à 1870, ce furent les travaux d’Haussmann qui transformèrent la ville en chantier à ciel ouvert. Non seulement leur quartier immédiat était touché mais plusieurs travaux majeurs étaient entrepris à quelques kilomètres de chez eux comme la construction de la gare de Lyon et le recouvrement du canal Saint-Martin. En 1860, ce sont les limites de la ville et des différents arrondissements qui étaient redessinées pour refléter l’énorme croissance de Paris.

Barricade de la Rue du Faubourg-St-Antoine, côté rue de Charonne

Enfin en 1870, il y eut l’occupation prussienne suivie en 1871 par la Commune avec ses rues bloquées et ses barricades sous leurs fenêtres qui rendaient tout commerce et toute circulation impossibles. Il semble que cette suite d’évènements ait d’abord motivé la famille à quitter leur quartier bien-aimé, avant de les inciter à regarder du côté de la banlieue.

J’ignore si les membres de la famille travaillaient à leur compte ou pour d’autres, mais il faut attendre après la Commune pour retrouver la trace de mon aïeul Louis Frédéric et de sa famille au 28, de la rue Monsieur le Prince, dans le 6e arrondissement, quartier Odéon. Il y tiendra boutique, et y vivra, au moins jusqu’en 1897, alors qu’il est victime d’un incendie sans conséquences graves.

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Journal La lanterne numéro du 20 février 1897

« Un commencement d’incendie qui avait éclaté vers onze heures du matin, chez monsieur Guillaumant, marchand de meubles, 28, rue Monsieur-le-Prince, a été éteint rapidement par les pompiers. Les pertes matérielles sont peu importantes. »  

Mon arrière-grand-père Hippolyte Félix Frédéric, fils de Louis Frédéric et petit-fils de Constant, né le 27 avril 1854, est ébéniste-tapissier lors de son mariage en 1880. Cinq ans plus tard, à la naissance de leur fille Camille Ernestine Louise, il est tapissier avec sa femme Marie Élise Augustine Boulet.

Fontenay-aux-Roses a une dizaine de kilomètres de Paris est facilement accessible par le train. Carte postale prise vers 1912-1914.

J’ai retracé les trois générations de Guillaumant-Boulet à Fontenay-aux-Roses dans les Hauts de Seine qui est situé à une dizaine de kilomètres du centre de Paris. Facilement accessible par le train, la ville est alors en plein boom et les Parisiens aisés y construisent leur maison de campagne.

Recensement de la population 1891 Fontenay aux roses Archives des Hauts de Seine

Le recensement de population de 1891 répertorie sept membres de trois générations de Guillaumant-Boulet, vivant au 1, Chemin de Bourg-la-Reine. Certains noms sont erronés, mais il s’agit bien d’eux à commencer par les grands-parents avec Louis Frédéric qui se fait appeler Louis, chef de ménage et ébéniste et sa femme Jeanne Claude qui se fait appeler Anne, dite sans profession. Vient ensuite « Henri » qui est en fait leur fils aîné Hippolyte Felix Frederic et sa femme (et cousine) Marie Elise Boulet, ils sont tapissiers.

Le couple n’a alors que deux enfants Édouard (mon grand-père) âgé de 10 ans et sa soeur Camille, cinq ans. On peut voir que l’information a été gommée et raturée à plusieurs occasions. Jean Boulet qui est mentionné comme « ami » est probablement un cousin ou un oncle. Deux ans plus tard, en 1893, la famille va s’agrandir avec la naissance de Gabrielle leur deuxième fille, née à Fontenay-aux-Roses.

Paris-adresses : annuaire général de l’industrie et du commerce : corps constitués, administrations, professions libérales, propriétaires, rentiers, etc. de Paris et du département de la Seine page 2100
publié le 1er janvier 1896

J’ignore ce qui les a incités à s’établir à Fontenay-aux-Roses, mais ils y resteront de 1890-91 à 1894-95. Il y auront même une boutique qui semble être la seule en ville à vendre des meubles selon l’annuaire général de l’industrie et du commerce : corps constitués, administrations, professions libérales, propriétaires, rentiers, etc. de Paris et du département de la Seine. Mais, comme ils ont un magasin de meubles dans la capitale, ils ne quitteront probablement jamais vraiment Paris et feront la navette entre Fontenay et Paris comme en témoigne l’acte de décès de la grand-mère, Jeanne Claude Boulet, en 1894. Ce décès va probablement précipiter leur départ pour Paris car lors du recensement de 1896, la famille a déjà quitté la maison qu’ils louaient.

Il est intéressant de noter que ce n’est pas Louis Frédéric, son mari, pourtant bien vivant, qui est allé faire la déclaration à la mairie mais son fils accompagné d’un de ses neveux. Ils sont venus de Paris pour déclarer le décès à deux jours de Noël.

Acte d’état civil de Fontenay-aux-Roses numéro 70 Anne-Glaude [sic] Boulet L’an mille huit cent quatre vingt quatorze le vingt-deux décembre à trois heures du soir Acte de décès de Anne Glaude Boulet âgée de soixante et onze ans, sans profession, née à Faverney (Haute Saône) fille de défunts Jean-Glaude Boulet et … Chambrey épouse de Louis Frederic Guillaumant âgé de soixante trois ans tapissier demeurant à Fontenay-aux-Roses, Route de Bourg-la-Reine, décédée au domicile familial susdit Route de Bourg-la-Reine, aujourd’hui à six heures du matin. Apres constatation du décès par nous Edouard Prosper Doyen, maire et officier de l’état civil de la commune de Fontenay-aux Roses (Seine) Officier de la Légion d’Honneur, sur la déclaration de Hippolyte Felix Frederic Guillaumant âgé de quarante ans, tapissier, demeurant à Paris 28 rue Monsieur le Prince et de Louis Victor Prosper Chebeaux âgé de trente huit ans, employé de commerce demeurant à Paris 11 Rue des Haies ; le premier fils et le second neveu de la défunte, lesquels après lecture ont signé … : … Guillaumant, E. Doyen, V Chebeaux

Enfin, il y a le commerce Guillaumant sis au 76 de la rue de Seine. C’est une boutique de tapissier comme en fait foi une annonce parut en 1896 dans la catégorie “Tapissiers et Marchands de meubles” de l’Annuaire-Almanach. L’édifice appartenait alors à un Mr de Seize, avocat à la cour et comprenait quatre commerces adjacents à la boutique de tapissier : un imprimeur typographe, un opticien, un quincailler et un boucher.

Les deux magasins étaient à proximité du théâtre de l’Odéon

L’édifice qui existe encore de nos jours comprend trois étages d’appartements et des mansardes sous les toits probablement pour les domestiques. Jusqu’à présent, je n’ai trouvé aucun document d’état civil référant à cette adresse et j’ignore si mes ancêtres y avaient aussi un appartement ou s’ils utilisaient l’arrière-boutique comme espace de vie.

On peut supposer que pendant un certain temps les Guillaumant ont eu deux magasins de meubles à quelques centaines de mètres l’un de l’autre. Jusqu’à présent, je n’ai trouvé aucun document d’état civil référant à cette adresse. Mais, tel que mentionné précédemment, on sait qu’ils avaient quitté Fontenay-aux-Roses. Louis Frederic, récemment veuf a peut-être repris sa boutique rue Monsieur le Prince alors que son fils Hippolyte Félix Frédéric qui, a maintenant 42 ans, gère avec sa femme le magasin de la rue de Seine. Ou bien est-ce l’inverse?

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Annuaire Almanach du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration – 1896, page 492
Recensement de la population 1901 Fontenay aux roses Archives des Hauts de Seine

Fontenay-aux-Roses présentait bien des attraits pour la famille Guillaumant. On les y retrouve cinq ans plus tard, comme en témoigne le recensement de 1901. Ils habitent alors au 3, Chemin de Bourg-la-Reine, soit la maison juste à côté de celle qu’ils occupaient une dizaine d’années plus tôt. Louis Frederic, le grand-père est probablement resté à Paris. En dix ans, la famille s’est encore agrandie avec la naissance, à Paris, de Paul Louis, leur fils cadet. Leur famille est complète, ils ont maintenant quatre enfants, deux filles et deux garçons dont Edouard Jean mon grand-père qui a alors vingt ans.

En 1901, ont-ils encore leurs deux boutiques à Paris ? Combien de temps ont-elles été en opération ? Je ne le sais pas !

Au 19e siècle, il était courant pour les femmes qui travaillaient de prendre une nourrice ou d’envoyer leur enfants en nourrice à la campagne. Les Guillaumant ont préféré profiter de leur famille élargie et de la présence des grand-parents pour faire la navette entre Paris et la banlieue. Une pratique qui se généralisera au milieu du 20e siècle.

Publié par L'abécédaire de mes ancêtres

Bonjour, D'origine française, je vis au Canada depuis plus de 40 ans. Généalogiste amateure, j'essaye de retracer la vie de mes ancêtres. Grâce à l'aide inestimable de parents mais aussi à des photos d'époque et à des articles de journaux ainsi qu'à des documents d'état civil et d'archives, je m'efforce de remonter le temps. Les articles réunis dans ce blogue sont principalement destinés à ma famille mais aussi à toute personne intéressée à l'histoire du quotidien et de gens ordinaires ayant mené une vie supposément sans histoire. Dominique G.

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