F comme Familles Foraines : Miodet, Dasque, Boutin, Lombardo et Glaudio

Carte postale ancienne d’un campement de forains à Viarmes sur la route de Luzarches dans le Val de Marne.
On y compte cinq voitures roulottes, cinq hommes, sept femmes dont deux âgées et dix enfants.

J’ignore comment, au 19e siècle, on devenait forain, mais je pense avoir une bonne idée de comment on le restait.

On estime qu’il y avait quelques milliers de forains qui sillonnaient les routes de France. Les familles planifiaient leurs déplacements plusieurs mois et semaines à l’avance. Les enfants suivaient leurs parents et étaient régulièrement mis à contribution. Selon la loi, ils étaient supposés se présenter à l’école de chaque localité où ils s’installaient. Cependant, pour nombre d’entre eux, la vie d’écolier devait sembler bien terne et contraignante à coté de leurs responsabilités familiales que ce soit le battage publicitaire dans les rues, les présentations ou même l’installation des stands.

Quand les enfants grandissaient, ils se mariaient souvent avec les membres d’autres familles foraines rencontrées au cours de leurs déplacements. Ainsi, la plupart des enfants de Joseph Miodet et Séraphine Griffart se sont mariés à d’autres forains. Sur leurs douze enfants, neuf ont atteint l’âge adulte dont six se sont unis à d’autres familles foraines. Nous allons voir ici le destin des sept filles Miodet dont quatre ont épousé des forains et enfants de forains. Il s’agit de Marie (1867-), Anna (1873-1915), Eugénie (1875-) et Augustine (1890-).

Affiche de cirque : la ménagerie

Le couple Dasque-Miodet : Marie Miodet (1867-) est l’ainée des enfants Miodet. Vers 1887, elle est marchande de mercerie et vit avec Léon André Dasque, né en 1863, et qui, au fil des ans, se dit musicien, marchand forain ou directeur de spectacles. Selon deux sources sur Geneanet « mémoires nomades » et « Romanes » qui documentent le monde forain et celui des voyageurs, Léon aurait été musicien à la ménagerie de Boglioni, qui deviendra le cirque Bouglione, membre de la grande banque.

La légende inventée par la famille circassienne elle-même au xixe siècle (à l’époque, l’Europe éclairée alterne coercition et recherche de solutions « humaines » pour sédentariser les Roms dont certains cherchent à cacher leurs origines) raconte que Scipion Boglioni, l’ancêtre de la dynastie, fils d’un drapier à Turin au début du xixe siècle ayant fait fortune dans la soie, aurait suivi Sonia, une jeune et jolie gitane dompteuse de fauves (la « maîtresse des fauves ») et se serait installé en France, où ils auraient présenté des menageries foraines et leur nom se francisa en Bouglione. En fait, les Bouglione, roms Sintis de la branche pakistanaise, sont montreurs d’ours au xviiie siècle en Italie. https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Bouglione

Recensement de St-Jean-des-Ollières – 6 M 7052 – 1906 – p. 16- Archives du Puy-de-Dôme

D’après le recensement de 1906 de St-Jean-des-Ollières, Léon et Marie auraient eu au moins quatre enfants : Jules (né Klebert-Jean en 1890 à St-Jean-des-Ollières) ainsi que Hortense, Léon et Julie nés entre 1893 et 1900 sans que je sache où ni à quelles dates exactement. Malheureusement, je n’ai pas pu les retracer dans les autres bases de données.

Au recensement de 1911, la famille Dasque comprend seulement Marie, âgée de quarante trois ans, Léon Dasque, quarante sept ans et leur fille Hortense, dix-huit ans. Jules, vingt ans est absent ainsi que Léon, quatorze ans et Julie, onze ans, ce qui est encore plus surprenant. Enfin pour le recensement de 1921, seule Marie Miodet, alors âgée de cinquante-quatre ans, y apparaît alors qu’elle travaille comme employée de cinéma pour son beau-frère Louis Arthur Boutin. Je ne retrouve aucune trace des Dasque. Léon André, son partenaire, est-il décédé ou parti ? Les enfants sont-ils mariés et partis vivre leur vie ou décédés ? Je l’ignore.

Recensement de St-Jean-des-Ollières – 6 M 7054 – 1921 – p. 17- Archives du Puy-de-Dôme
La fête foraine – Louis Michel Hadengue 1918

Le couple Boutin-Miodet : Anna Miodet (1873-1915), est artiste foraine et marchande ambulante. À l’âge de vingt-deux ans, elle a épousé Louis Arthur Boutin lors de leur passage à Tours en juin 1895. Louis a vingt cinq ans et vient de finir son service militaire dont il a reçu congé en tant que fils ainé de veuve. Sa fiche militaire le décrit avec les cheveux et les yeux bruns. Il sait lire, écrire et compter. Il se dit artiste forain et marchand ambulant. Avant de partir pour l’armée, il était en Suisse, employé d’un musée historique probablement l’attraction de ses parents qui sont également forains. Son père Barthélemy Boutin était directeur de théâtre forain et montreur de curiosités. À la mort de son père, sa mère continuera les foires en tant que directrice de théâtre forain.

Recensement de St-Jean-des-Ollières – 6 M 7053 – 1911 – p. 21 – Archives du Puy-de-Dôme
Recensement de St-Jean-des-Ollières – 6 M 7054 – 1921 – p. 17 – Archives du Puy-de-Dôme
Naissance de Jules annoncée dans le journal de Confolens de mars 1895

Au moment de leur mariage, Anna et Louis Arthur ont déjà un fils né quatre mois et demi plus tôt. Je leur connais dix enfants nés entre 1895 et 1915 : six garçons : Jules (1895 à Confolens, Charente), Achille (1900 à Montélimar, Drome), Ernest (1901), Désiré (1902), Georges (1903 à Saint-Sébastien-sur-Loire en Loire Atlantique) et Émile (1909 à Thueyts, Ardèche) ainsi que quatre filles dont une morte en bas âge : Léonie (1896-1898) née à Mirecourt dans les Vosges, Angèle (1898), Anna Marie (1905 à St-Germain-Lespinasse, Loire) et Louise Pauline (1915 à Aulnat, Puy-de-Dôme).

Pour toute information, j’ai celles inscrites sur les recensements et en marge des certificats de naissance quand ceux-ci sont consultables en ligne. Ainsi, je sais que trois de leurs fils se sont mariés : l’ainé, Jules a épousé Émilienne Micheau. Ce nom de famille n’apparaît pas dans Mémoire nomade mais parmi les forains, il y a de nombreux Michaud, Michaut, Michaux ou Michot. Achille, leur second fils, a épousé Henriette Reverdy, descendante d’une longue tradition de forains avec qui il a eu une fille Rose, née en 1925. Georges, leur cinquième fils, s’est marié deux fois d’abord avec Marie Gambade puis vingt ans plus tard avec Eugénie Chabrillat alors que je n’ai pu retracer ni l’une, ni l’autre. Par contre, j’ignore ce qu’il en est d’Ernest et de Désiré dont je n’ai pu retracer les actes de naissance.

Anna Miodet est décédée à Aulnat, à quarante deux ans, deux mois après avoir donné naissance à son dernier enfant Louise Pauline. Louis Arthur Boutin s’est remarié, quatre ans plus tard, avec Anne François, marchande foraine. Je ne leur connais aucune descendance.

Le couple Lombardo-Miodet : Eugénie Miodet (1875-), épousa Léon Lombardo en février 1913, à St-Jean-des-Ollières. Son mari, né dans la Creuse en 1874, est marchand forain et sa fiche militaire le dit marchand de bijouterie. Plus tard, il se reconvertira, comme ses beaux-frères, dans le cinéma forain. Il est le fils de Martino Lombardo, un musicien ambulant né au Piémont, en Italie et d’Antoinette Chaumont, marchande ambulante.

Recensement de St-Jean-des-Ollières – 6 M 7054 – 1921 – p. 17 – Archives du Puy-de-Dôme

Au moment de leur mariage, Eugénie et Léon forment un couple depuis presque dix ans et ont déjà sept enfants que leur mariage va légitimer, dont Léon Lombardo (fils) né en 1895 à St-Jean-des-Ollières (Puy-de-Dôme), Benoit né en 1897 à la Charité-sur-Loire (Nièvre), Jean-Baptiste né en 1899 à Génolhac (Gard), Louise née en 1901 à Givors (Rhône), Blanche née en 1903 à Le Blanc (Indre), Maria née en 1905 à Montrichard (Loir et Cher) et Augustine née en 1908 à Châteldon (Puy-de-Dôme).

Je sais peu de choses sur eux, à part que Louise a épousé son cousin germain Jean-Baptiste Auguste Lombardo en 1938 à St-Jean-des-Ollières. Malheureusement, il m’est actuellement impossible de vérifier cette information. Sa fiche militaire le dit marchand forain et le décrit comme blond aux yeux bleus.

Le couple Glaudio-Miodet : Augustine Miodet (1890-), marchande foraine née à St-Jean-des-Ollières, épouse Pierre Glaudio, qui est artiste voyageur ambulant ou encore marchand forain. Pierre est lui-même fils de forains son père Antoine Auguste est artiste acrobate.

Pierre et Augustine se marient à Annecy, le jour de Noël 1910. Ils sont alors les parents de Marius né à St-Étienne (Loire) en avril de la même année. Suivront quatre autres enfants : Augustine en 1911 née à Epinal (Vosges), Pierre en 1912 né également à Epinal, Francis né en 1913 à St-Clément-sur-Valsonne (Rhône) et Louise née vers 1914. Vingt ans plus tard, Louise épousera Camille Bayard tandis que Francis mariera Joséphine Hattel en 1939. Tous deux forains et enfants de forains.

Recensement de St-Jean-des-Ollières – 6 M 7054 – 1921 – p. 17 – Archives du Puy-de-Dôme

Les trois autres filles de Séraphine Griffard et Joseph Miodet : Angèle (1872-), Clotilde (1879-) et Marie (1884-1951) ont eu des parcours un peu différents. J’ignore à peu près tout d’Angèle qui apparaît uniquement dans deux recensements, ceux de 1906 et 1911. Sur celui de 1906, on la dit voyageuse et âgée de trente-quatre ans donc née vers 1872. Celui de 1911 ne nous en apprend pas plus.

Une des rares traces d’Angèle Miodet, 34 ans et voyageuse
Recensement de St-Jean-des-Ollières – 6 M 7052 – 1906 – p. 16- Archives du Puy-de-Dôme

Clotilde est née en 1879 à Denain dans le département du Nord, mais son acte de naissance ne fournit aucune information additionnelle. Je sais cependant qu’en 1902, elle a accouché d’une fille prénommée Séraphine comme sa propre mère. Née de père non dénommé, Séraphine suivra Clotilde sur les routes, deviendra foraine à son tour et se mariera en 1948, possiblement avec un forain. Quant à Clotilde, je pense l’avoir retrouvée, à St Jean-des-Ollières en 1912, alors qu’elle accouche d’un garçon nommé Noël Michel. Celui-ci sera légitimé par le mariage de ses parents en décembre 1922 à St-Étienne. Une fois de plus, seul un déplacement aux archives me permettra de confirmer sa filiation avec le couple Miodet-Griffart car les registres du département de la Loire accessibles en ligne s’arrêtent en 1902.

Marie (mon arrière-grand-mère), dont je vous ai déjà parlé, a longtemps travaillé comme marchande ambulante. Cependant, elle a préféré s’installer et fonder une famille avec un cultivateur de St-Jean-des-Ollières, le village de ses parents avant de s’occuper de la maison familiale. J’ignore si, après la séparation de ses parents, mon grand-père Gustave a suivi sa mère Marie ou sa famille élargie sur les routes de France.

Publié par L'abécédaire de mes ancêtres

Bonjour, D'origine française, je vis au Canada depuis plus de 40 ans. Généalogiste amateure, j'essaye de retracer la vie de mes ancêtres. Grâce à l'aide inestimable de parents mais aussi à des photos d'époque et à des articles de journaux ainsi qu'à des documents d'état civil et d'archives, je m'efforce de remonter le temps. Les articles réunis dans ce blogue sont principalement destinés à ma famille mais aussi à toute personne intéressée à l'histoire du quotidien et de gens ordinaires ayant mené une vie supposément sans histoire. Dominique G.

2 commentaires sur « F comme Familles Foraines : Miodet, Dasque, Boutin, Lombardo et Glaudio »

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