
établie sous la direction de César-François Cassini de Thury – Gallica
Je vous ai souvent parlé de mon ancêtre Constant Guillaumant. Celui qui a quitté son Loiret natal pour aller s’installer à Paris. Ainsi, dans mon dernier article sur les diligences, je vous parlais de lui.
Cependant, il y avait un grand trou dans la vie de Constant. Né en 1797, à Meung-sur-Loire, il fallait attendre 1830 pour le retrouver à Paris lors de la naissance de son second fils. En continuant à gratter, à éplucher les registres, à retourner toutes les pierres possibles et surtout grâce à la mise en ligne du fonds Andriveau des archives de Paris qui reconstitue une partie des registres d’état-civil partis en flamme durant la Commune de Paris, j’étais parvenue à reconstituer ce que je pensais être l’essentiel de sa vie.
Quant à cet intervalle, qui concernait plusieurs années de sa vie de jeune adulte, il vient d’être en partie comblé grâce à de nouvelles données mise trouvées sur Filae où j’ai des recherches en cours et quelques alertes sous différents patronymes incluant, bien sûr, Guillaumant et Guillaument.

Ainsi, mon attention a été attirée par un certain Charles Joseph Constant Guillaument qui aurait épousé à Orléans, Marguerite Marie Madeleine Soubieux, en 1820. Vérification faite, Il s’agissait bien de mon ancêtre qui, à l’âge de vingt-trois ans, s’unissait à une jeune couturière. Elle était la fille de Charles Soubieux, voiturier et vivait en face de chez lui rue de la Lionne. Ses deux parents sont présents au mariage et semblent approuver l’union.

Guillaument etMarguerite Marie Madeleine Soubieux p. 179/236 –
Orléans, Archives du Loiret
Cet acte nous apprend aussi que contrairement à ses parents, il ne sait pas signer, alors que sa nouvelle épouse paraphe l’acte de ses initiales et son nom, qu’elle écrit sans x : M.M.M. Soubieu.
Une recherche plus approfondie dans les registres d’état-civil d’Orléans pour les dix années suivantes ne révèle aucune trace du couple. J’en déduis donc qu’ils vivaient probablement ailleurs et qu’ils étaient peut-être installés à Paris. Alors que j’essaie d’en savoir plus sur les parents de Marguerite, je trouve l’acte de décès de sa mère Marguerite Renoux, en juillet 1847, qui me signale un petit-fils du nom de Denis Jules Lecomte. Or, celui-ci a épousé, quelques mois plus tôt, Marguerite Constance Joséphine Guyomant. Ce n’est donc pas lui le petit-fils, mais plutôt sa femme qui est la petite-fille de la défunte.
Le nom Guillaumant a souvent changé d’orthographe. Ainsi j’ai déjà répertorié des Guilloman, des Guilheaumant, des Guillaument et des Guillaumant, mais c’est la première fois que je le vois orthographié avec un y. Cependant, il ne fait aucun doute qu’il sagit de la même famille.
L’acte de mariage va m’en apprendre plus. Ainsi, au moment de son mariage, Marguerite Constance Joséphine Guyomant a vingt-quatre ans et est née à Orléans. Elle a perdu sa mère et est sans nouvelles de son père depuis vingt-deux ans. Elle a vécu à Paris dans le 7e arrondissement et ne vit que depuis quelques semaines, à Orléans, chez sa grand-mère qui assiste et consent au mariage. Voilà un mariage qui semble se conclure bien vite pour une jeune fille revenue tout récemment, à Orléans.

et Marguerite Constance Joséphine Guyomant
État civil -Archives du Loiret pour la ville d’Orléans p. 60/395
Aujourd’hui samedi vingt et un février mil huit cent quarante six …. Ont comparu en la salle Publique de l’Hôtel de la Mairie pour y contracter mariage : d’une part le Sieur Denis Jules Lecomte, menuisier, âgé de vingt-neuf ans, né à Orléans, domicilié rue Roche aux Juifs no2 … d’autre part, Delle Marguerite Constance Joséphine Guyomant, couturière, âgée de vingt quatre ans, née à Orléans, y demeurant chez son ayeule maternelle rue de l’Eguillerie, no 41, depuis un mois et demi, et auparavant domiciliée à Paris (Seine) rue Vieille Place aux Veaux, no 14 (7ieme arrondissement) fille majeure et légitime de Charles Joseph Constant Guyomant, scieur de long, absent sans nouvelles depuis vingt deux ans et de feu Marie Magdeleine Marguerite Soubieux…
La deuxième partie de l’acte confirme, si besoin en était, les liens de parenté avec la famille Guillaument ou Guillaumant en énumérant les copies des actes soumis, présentés et lus durant la cérémonie de mariage. On y apprend également que ni les mariés ni la grand-mère de la mariée ne savent signer.

et Marguerite Constance Joséphine Guyomant
État civil -Archives du Loiret pour la ville d’Orléans p. 61/395
3e De l’acte de naissance de la future conjointe née à Orléans, le trois Janvier mil huit cent vingt deux, du légitime mariage desdits Charles Joseph Constant Guyomant et Marie Magdeleine Marguerite Soubieux ; 4e de l’acte de décès de sa mère morte à Paris (Seine) le vingt février mil huit cent vingt sept ; 5e de ceux de Jean Barthélémi Guillaument et Marie Anne Gervaise ses ayeul et ayeule Paternels morts tous deux à Meung sur Loire (Loiret) l’un le huit mai mil huit cent trente trois ; l’autre le vingt cinq mars mil huit cent vingt huit; 6e de l’acte aussi de décès de Charles Soubieux son ayeul Maternel, mort à Orléans, le dix Juillet mil huit cent vingt huit…
Grâce à cette nouvelle orthographe, je retrouve l’acte de naissance de Marguerite Constance Josephine dans les tables puis les registres de naissance d’Orléans. En cherchant sur plusieurs années, seul son nom y apparaît et elle ne semble avoir ni frère ni soeur.
Mes recherches du côté de Paris, portent également fruit et je retrouve dans le fonds Andriveau, le décès d’une Marguerite Soubieu née à Orléans, vivant avec son père dans le 7e arrondissement. Elle est ouvrière en robes et mariée à un Charles Joseph Constant Guillaumon, scieur de long, dont on ne connaît pas le domicile. Encore une fois malgré les quelques erreurs de noms et de lieu, je ne doute pas qu’il s’agisse bien de mon ancêtre et de sa première épouse qu’il semble avoir abandonné ainsi que leur fille. Était-il malheureux en ménage avec elle ?

Archives de Paris – fonds Andriveau
Ville de Paris EXTRAIT du Registre des Actes de Décès en l’année 1827, 7e Mairie
Le mercredi vingt un février mil huit cent vingt sept,…, Acte de décès de Marie Margueritte Soubieu, âgée de trente ans, née à Orléans (Loiret), décédée à Paris, au domicile du Sieur Soubieu son père, chez lequel elle demeurait rue des Juifs no 21, le vingt de ce mois à l’heure de midi, ouvrière en robes, mariée à Charles Constant Guillaumon, scieur de long dont on ignore le domicile…
Mais, que s’est-il passé exactement ? On peut échafauder bien des scénarios.
Le beau-père voiturier a-t-il conduit son gendre à Paris ou celui-ci a-t-il pris la diligence ou un coche comme je l’avais d’abord supposé ? A-t-il voyagé seul ou avec sa petite famille ? Ou encore celle-ci était-elle supposée venir le retrouver plus tard ? Sont-ils venus à Paris pour le rejoindre ou pour le chercher car ils n’avaient pas de nouvelles ? Pourquoi les avoir abandonnées? De quoi Marguerite est-elle morte à seulement trente ans ? De plus, qu’est-il arrivé à Constance : est-elle revenue à Orléans avec son grand-père maternel après le décès de sa mère avant de repartir vivre à Paris ? Voilà quelques-unes des questions que je me pose.
Marguerite décède début 1827 mais entre-temps, Constant, son mari absent, a rencontré Marie Félicité Gamard. La seule épouse que je lui connaissais et avec laquelle il a eu pas moins de neuf enfants de 1828 à 1840. D’après mes calculs je plaçais leur mariage vers 1827. Les dates semblent concorder mais comme je n’ai retrouvé ni le certificat de son second mariage ni l’acte de naissance de leur fils ainé, j’ignore si c’était bien le cas.
Ainsi l’intervalle d’une dizaine d’années durant lesquelles Constant Guillaumant était monté à Paris et avait fondé une famille m’a réservé bien des surprises auxquelles je ne m’attendais pas. Il y a déjà longtemps que j’ai décidé que je faisais cette recherche pour témoigner et non pour juger, mais alors que j’essaie de comprendre, tant de questions me viennent à l’esprit. J’imagine que je pourrais encore découvrir des choses sur Constant et c’est pour ça que je vais continuer à être à l’affut et à suivre toutes les pistes qui pourraient me dévoiler qui il était et comment il a vécu.
Merci pour ce partage très in
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Alors, il s’en passe des histoires dans ta famille. Un vrai S comme, suspense. Bravo pour tes découvertes. Lorraine
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Merci Lorraine pour le message et le beau jeu de mots 😉
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Bravo Dominique pour tes recherches sur les origines de notre famille. Dans les papiers de ma mère Gilberte GUILLAUMANT (épouse BOUILLOT) j’ai retrouvé l’acte de décès de notre grand père Edouard avec l’orthographe GUILLAUMONT. LOUIS
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Would be nice to have a time machine so you could travel back and solve the mysteries of the past! P S I think you meant to say that they married in 1827 not 1927
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Wow ! Thanks ! You are the first one flagging this. When I think I read this article several times and never noticed it. Yes, me too, I would like to be able to go back in time.
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