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Edmé Gamard est mon ancêtre paternel de septième génération. À quelques jours près, on pourrait fêter son anniversaire de naissance, lui qui est né le 24 janvier 1730 à Mont-Saint-Sulpice, dans l’Yonne.
Edmé portait le prénom de son père, de son grand-père et même de son arrière-grand-père. Ainsi bien sûr, comme le veut la tradition, celui de son parrain. Edmé était un nom populaire dans la famille tout comme dans la région alors que sa grand-mère paternelle s’appellait aussi Edmée née Chaumet.
Edme, fils d’Edme Gamard et d’Anne Drouin son épouse a esté baptizé le ving quattre janvier de l’année courante, le parain Edme Clerin, la maraine Marie Mouturat qui n’ont point signé.

Edmé Gamard épouse Marie Charlotte Pouy, le 16 février 1753. Il a alors vingt-trois ans et elle vingt huit ans. Ils sont tous deux originaires de Mont-Saint-Sulpice qui compte plus ou moins mille habitants. Au moment de son mariage, il se dit couvreur. Puis vers 1756, il est charpentier comme son père.
Ensemble, ils auront six enfants, trois garçons et trois filles. Selon la tradition familiale, leur ainé est prénommé Edmé tandis que leur fille ainée hérite des prénoms de sa mère Marie Charlotte. Malheureusement, fin 1759 ils perdent, à quelques jours d’intervalle, deux enfants. D’abord, Vincent âgé de quatre ans, le 13 décembre puis Françoise âgée d’un peu plus d’un an le 26 décembre 1759. Cinq ans plus tard, la veille de Noël 1764, c’est son épouse qui décède à tout juste quarante ans.
Edmé se retrouve donc seul avec quatre jeunes enfants âgés de onze à deux ans. Probablement que la famille se mobilise pour lui venir en aide au moins à court terme. Un an plus tard soit le 13 janvier 1766, il épousa Brigitte Duchène avec qui il aura trois fils, le deuxième ondoyé à la naissance ne survivra pas alors que les deux autres sont prénommés Edmé. Entretemps, Edmé a perdu le dernier-né de son premier lit Nicolas Martin décédé à l’été 1766.
C’est leur dernier fils, Edmé Nicolas né le 22 mai 1771 qui deviendra mon ancêtre. Malheureusement, Brigitte ne survivra que six semaines à son dernier accouchement et decèdera le quatre juillet 1771 à l’âge d’environ quarante ans.
Edmé, qui a alors quarante et un ans, est veuf pour la deuxième fois en six ans. Il a la charge de cinq enfants âgés de dix-sept ans à quelques semaines. Ses deux filles de quinze et onze ans doivent aider autant que possible.
Comment Edmé s’organise-t-il ? Je l’ignore car ce n’est que quatre ans plus tard, le 10 janvier 1775 qu’Edmé se remarie. Il épouse Charlotte Ducerf âgée de cinquante-cinq ans, et récemment devenue veuve de Jean Olignier, un sabotier de Mont-Saint-Sulpice. Celle-ci a eu huit enfants avec son premier mari mais tous sont morts très jeunes.
Ils vivront ensemble un peu plus de vingt ans, jusqu’au décès d’Edmé, le 21 juin 1795, à l’âge de soixante-six ans. Ce sont ses deux fils qui déclareront son décès. On les dit tous les deux tourneurs. Malgré les dix-sept ans qui les séparent, ils semblent très proches.
L’an troisième de la République française une et indivisible, le quatre messidor, huit heures du matin, pardevant moi Edme Lefet, Premier officier municipal de la commune du Mont-St-Sulpice, et officier publique de ladite commune, à l’effet de recevoir et constater les naissances, mariages et décès des citoyens de cette commune, est comparu en la maison commune dudit lieu, Nicolas Gamard, tourneur, âgé de __ ans, demeurant en cette commune, lequel m’a déclaré que Edme Gamard son père, âgé de soixante __ ans, était décédé au Mont le jour d’hier, environ dix heures du soir, et d’après cette déclaration je me suis sur le champ transporté au domicile dudit Edme Gamard, où étant j’ay constaté le décès dudit Edme Gamard, et j’en ai rédigé l’acte de décès en présence dudit Nicolas Gamard son fils, de Edme Gamard aussy son fils, tourneur demeurant à Seignelay, ägé de __ ans, et de __ Ducerf son épouse, tous témoins qui ont signés avec moy à la réserve dudit Gendot qui a declaré ne scavoir signer de ce interpellé.
Fait en la maison commune dudit Mort, les jour, mois et an susdit.
AD89 – NMD 1792-An 8 – Page 304
À ma connaissance, ce seront ses deux seuls enfants à fonder une famille. L’ainé Edmé Gamard épousa Françoise Mangin en juillet 1776. Ils auront dix enfants mais seulement leur fille cadette atteindra l’âge adulte et fondera sa propre famille.
Enfin, son fils cadet Edmé Nicolas Gamard épousa Marie Finot en janvier 1797, soit deux ans après le décès de son père. Je leur connais cinq enfants dont les deux filles ainées quitteront l’Yonne pour Paris. Je descends de la benjamine qui épousa mon ancêtre de cinquième génération : Charles Joseph Constant Guillaumant.

Diminutif d’Edmond, le prénom Edmé vient d’Edmond Rich d’Abingdon, qui fut Archevêque de Cantorbury et qui avait un lien particulier avec Pontigny situé à seulement onze kilomètres du Mont-Saint-Sulpice.
Edmé naquit en Angleterre, dans la petite ville d’Abington. La légende rapporte que c’est à la suite d’une apparition que Edmé décide de devenir prêtre. Cependant l’histoire rapporte qu’après des études à Oxford puis à Paris, il devint l’un des plus grands prédicateurs de son temps.

Sa renommée poussa le pape Grégoire IX à lui proposer le siège de Cantorbéry. Edme n’accepta que par obéissance et il fut sacré en 1234. Il entra alors en conflit avec Henri III, roi d’Angleterre. En effet, celui-ci s’arrangeait pour laisser des bénéfices ecclésiastiques vacants afin d’en percevoir le revenu. Edmé reçut du pape une bulle qui l’autorisait à pouvoir aux bénéfices qui ne seraient pas remplis après six mois de vacances. Mais le roi empêcha l’exécution de cette bulle.
En 1240, suivant l’exemple de son prédécesseur, saint Thomas Beckett, il prend la résolution de se réfugier en France où il est accueilli par Blanche de Castille et saint Louis. Edmé se retire d’abord à l’abbaye de Pontigny, puis au monastère de Soisy, près de Provins, où il meurt le 16 novembre 1240.
Son corps est alors embaumé et ramené dans l’abbatiale de Pontigny, où il repose depuis lors. Son cœur et ses entrailles restent à Provins dans l’abbaye Saint-Jacques.
Edmé est vénéré comme protecteur des enfants morts sans baptême. C’est à ce titre qu’il est fréquemment représenté avec un enfant mort à ses côtés. Il est fêté : le 16 novembre.
Finalement, un petit mot pour dire qu’après avoir rédigé cet article, j’ai essayé d’accéder au site des archives départementales de l’Yonne afin d’inclure, comme je le fais toujours, du visuel et peut-être des extraits d’actes.
Malheureusement, le site est désormais, et jusqu’à nouvel ordre, inaccessible en soirée et les weekends. Cette mesure a été prise en réponse aux centaines d’attaques informatiques en provenance de Russie, de Chine ou de Corée du Nord que subit le site du Conseil départemental. De plus, toujours en lien avec ces attaques, plusieurs autres sites d’archives commencent à restreindre l’accès aux étrangers. Je publie donc cet article avec l’information que je possède actuellement en espérant pouvoir le compléter et l’enrichir à un moment donné.
Sources :
- Wikipedia : ttps://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond_Rich_d’Abingdon
- Églises du Confluent : Edmé
- Le portail de l’Yonne désactivé le soir et le weekend | La Revue française de Généalogie