
Source : http://bouges.lescigales.org/index.php?page=porteurs-d-eau-aveyronnais
L’eau est essentielle à la vie et de nos jours, il suffit d’ouvrir le robinet pour qu’elle coule à flots. Mais, il n’en a pas toujours été ainsi, loin de là. D’abord, il fallait aller la chercher à la fontaine ou au puits. À Paris, les fontaines étaient principalement alimentées par la Seine et cette eau qui même à l’époque était filtrée était préférée à celle des puits souvent contaminés.
On pouvait aussi payer quelqu’un pour l’apporter chez soi. C’est là qu’intervenaient les porteurs d’eau. J’ignore combien Paris en comptait au milieu du 19e siècle, mais 100 ans plus tôt, ils étaient plus de 2000 représentés par une puissante corporation. J’en ai retrouvé un dans ma famille. Claude Poinsot avait épousé Marie Edmée Gamard la soeur de Marie Félicité, mon ancêtre de 5e génération. Alors que leurs documents d’état civil ont disparu, comme tant d’autres durant la Commune, les bans de mariage publiés à Paris et à Mont-Saint-Sulpice sont encore consultables.

Première fois L’an mil huit cent vingt cinq Dimanche neuf octobre à l’heure de neuf du matin nous Muret officier de l’Etat civil de la commune du Mont StSulpice, canton de Seignelay Département de l’Yonne après nous être transporté devant la porte extérieure principale de la maison commune du Mont StSulpice avons publié pour la première fois qu’il y a promesse de mariage entre le Sieur Claude Poinsot porteur d’eau âgé de vingt huit ans demeurant à Paris rue des Jardins no5, né à Coublanc, canton de Protois arrondissement de Langres Département de la Haute Marne fils de défunt François Poinsot et de Christienne Petit d’une part Et demoiselle Marie Edmée Gamard, née au Mont StSulpice le cinq Frimaire de l’an 6eme de la république française fille majeure de Nicolas Gamard couvreur en batiment et de Marie Finot son épouse domiciliée à Paris depuis six mois d’autre part laquelle publication a été de suite affichée à la porte de la Maison commune de quoi nous en avons dressé acte.

Une semaine plus tard, soit le 16 octobre la publication apporte une précision soit que Claude Poinsot est porteur d’eau « à la voiture ». Il y avait donc une certaine hiérarchie chez les porteurs d’eau. Certains portant l’eau sur leur dos ou leurs épaules comme en font foi plusieurs illustrations et d’autres ayant l’avantage d’une voiture probablement tirée par un cheval quoi que la majorité était à bras.

… avons publié pour la deuxième fois qu’il y a promesse de mariage entre le Sieur Claude Poinsot porteur d’eau à la voiture…
Le site attellage-patrimoine.com parle plutôt de porteurs au tonneau et précise que « De 1830 à 1880, le nombre de porteurs d’eau au tonneau varie, suivant les années, de 800 à 1800 dont les trois quarts utilisent des charrettes à bras. Par exemple, sous le second empire, en 1858, on recense 7 tonneaux attelés à des ânes, 204 à cheval, et 662 tirés à bras.«
Ces porteurs au tonneau ou à voiture sont en 1815 forcés par ordonnance royale à se fournir en eau aux fontaines marchandes de la ville. Celles-ci s’alimentent soit dans la Seine dont l’eau est filtrée soit comme pour la fontaine du Luxembourg aux sources d’Arcueil ou de Belleville deux communes à l’extérieur de Paris.

Au cours des ans, plusieurs autres ordonnances règlementant à peu près tout ce qui concernait la profession, allant de la taille et la contenance aux lieux d’approvisionnement, ont été émises en réponse aux plaintes et contraventions.
Car si les porteurs d’eau avaient des privilèges, ils avaient aussi des obligations. En tant que service public, ils devaient voir à l’hygiène ainsi qu’à la santé et la sécurité publique. Par exemple, ils devaient garder leurs tonneaux pleins la nuit afin de pouvoir aider à combattre les incendies comme en témoigne cette l’ordonnance de 1815.

Paris, le 17 Septembre. Préfecture de Police. Une ordonnance en date du 12 Septembre, concernant les porteurs d’eau, contient les dispositions suivantes: Les permissions délivrées aux porteurs d’eau à tonneaux pour exercer leur état dans la ville de Paris sont maintenues. Ceux qui à l’avenir voudront exercer cet état seront tenus préalablement d’en faire la déclaration à la préfecture de police. Il sera délivré aux déclarans, un certificat qui devra être visé par le commissaire de police de leur domicile. Les tonneaux des porteurs d’eau seront numérotés aux frais des propriétaires. Le nom du porteur d’eau sera peint sur le fond du tonneau. Dans un mois à compter du jour de la publication de la présente ordonnance, tous les porteurs d’eau à tonneaux qui ont déjà un numéro, feront peindre leurs noms sur le fond du tonneau. Les porteurs d’eau à tonneaux qui changeront de domicile, en feront la déclaration, dans un délai de trois jours, à la préfecture de police. Lorsqu’un porteur d’eau à tonneau cessera l’exercice de son état, il en fera aussi la déclaration à la préfecture de police.

Les numéros peints sur les tonneaux seront effacés, et certificat en sera délivré au déclarant. En cas de vente d’un tonneau numéroté, la déclaration en sera faite à la préfecture de police, tant par le vendeur que par l’acheteur. Il est défendu aux porteurs d’eau à tonneaux de puiser aux fontaines publiques a peine de 50 fr d’amende. Les particuliers puiseront aux fontaines publiques avant les porteurs d’eau à bretelles. Les porteurs d’eau ne pourront puiser à la rivière qu’aux pompes et puisoirs autorisés à cet effet. Les tonneaux devront être pleins lorsque les porteurs d’eau rentreront chez eux. En cas d’incendie, les porteurs d’eau seront tenus, sous les peines prononcées par l’art 475 du code pénal, de se rendre, avec leurs tonneaux, au lieu de l’incendie. Indépendamment du prix de l’eau, il sera accordé une récompense aux deux porteurs d’eau dont les tonneaux arriveront les premiers. Les porteurs d’eau à tonneaux sont civilement responsables des personnes qu’ils emploient à la conduite de leurs voitures ou à la distribution de l’eau.

La plupart des porteurs d’eau de Paris étaient des Auvergnats venus chercher fortune, et à tout le moins améliorer leur condition. Le second groupe était des provinciaux du nord-est. Justement la région d’où venait Claude Pinsot. Si les porteurs à bretelles faisaient probablement beaucoup de voyages et peu d’argent, il en était autrement pour ceux qui avaient une voiture. Certains gagnaient assez bien leur vie grâce à une clientèle plus riche.

du bain et à l’arrière le tonneau
C’était surtout le cas, de ceux qui offraient aussi des bains. Leurs voitures étaient divisées en deux sections avec à l’avant la baignoire qui était montée chez le client et à l’arrière le tonneau. Certains avaient même un système pour apporter de l’eau chaude. Le porteur attendait que le client ait fini de prendre son bain avant d’écoper l’eau et de redescendre sa baignoire. Bien sur, la baignoire, l’eau, son temps et sa peine faisaient partie du prix.

Même si l’eau avait été filtrée et clarifiée avant d’arriver à la fontaine, les Parisiens avaient des réserves d’eau, pouvant être aussi modestes que de simples cruches dans lesquelles on laissait décanter l’eau pour que les matières solides et minéraux se déposent au fond. D’autres étaient équipées de filtres ou utilisaient le sable, ou d’autres méthodes. Cela n’empêchait pas les gens de tomber malades, de souffrir de douleurs intestinales. Pire encore, ils pouvaient attraper le Choléra qui se propageait par l’eau et qui sévit en France en 1832, 1849 et 1854.
Very interesting to learn about the system to get water. I never though about fountains! Now we enjoy them as decoration but they were so essential in the past. I am sooooo grateful for running water!
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So am I. Like anyone, I could do without for a couple of days but all the time and all my life would be quite something.
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