L comme Livres et Lectures de vacances

Pour mon troisième et peut-être dernier papier sur les vacances et les loisirs comment ne pas parler des livres et de la lecture. Mes parents étaient tous les deux d’avides lecteurs.

Pour mon père, qui était plutôt du genre discret et réservé, cela avait probablement commencé au service militaire et s’était poursuivi durant la guerre et surtout dans ses Kommandos au Stalag XIA, en Allemagne. Les livres faisaient partie des objets autorisés et sa famille lui en envoyait régulièrement. De plus, avec des centaines de prisonniers par baraquement, les prisonniers devaient s’échanger des livres et un coin bibliothèque avait peut-être même été improvisé. Pour ma mère, cela devait dater de ses années de pensionnat. L’occasion pour l’un comme pour l’autre de s’évader pour quelque temps.

Très tôt, on nous a appris à aimer les livres, à les apprécier et à les respecter. D’ailleurs, ils trônaient en bonne place. Ma mère avait conçu une grande bibliothèque qui occupait tout le long mur du couloir avec d’un côté les livres pour adultes et de l’autre ceux pour enfants. Nous passions donc devant tous les jours et y avions plus ou moins libre accès car ma mère prétextant être curieuse de savoir ce que nous lisions contrôlait nos lectures.

Adolescente, j’avais pris l’habitude d’emprunter des livres de la bibliothèque municipale pour élargir mon éventail de lectures. Ma mère s’en offusquait. Elle disait que les livres que je ramenais à la maison étaient pleins de germes et qu’on ignorait qui les avait consultés avant nous. Elle rechignait également quand nous prêtions nos livres. Je me souviens encore de l’état pitoyable dans lequel un d’entre eux m’avait été rendu.

Comme je peux aisément dévorer un livre en quelques jours, j’aime bien m’y consacrer durant les vacances que ce soit sur une plage ou au coin du feu. Cela me permet de passer des nuits à lire sans culpabiliser.

En ce mois d’août, j’aimerais partager certaines de mes plus récentes lectures qui sont toutes en lien avec ce blogue et dont l’action se situe de la fin du 18e siècle jusqu’au début du 20e siècle. Voici donc trois lectures qui informent la vie en France et plus particulièrement à Paris durant ces périodes.

Joséphine de Beauharnais dans Vies et secrets de Joséphine B par Sandra Gulland

De petite noblesse et née Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie en juin 1763, celle qui est passée à la postérité en tant que Joséphine, impératrice de France, a connu bien des aventures et a vécu plusieurs vies de sa Martinique natale à sa rencontre avec le général Bonaparte en 1795.

Rédigé comme un journal intime fictif, ce roman nous informe aux niveaux individuel et collectif sur la situation des femmes qui devaient obéissance à des maris qui pouvaient à volonté les exiler, les cloitrer ou leur enlever leurs enfants.

Situé principalement durant la période on ne peut plus tumultueuse et sanglante de la Révolution, il nous dévoile les innombrables qualités de la petite Rose devenue Madame de Beauharnais à seize ans et demi. Au fil des pages, on la découvre intelligente, débrouillarde, attentive et dévouée à ses enfants, fidèle à ses ami.e.s et parents, et probablement belle ou à tout le moins dotée de beaucoup de charme.

Ce livre nous rappelle aussi de façon frappante que le destin dépend souvent de qui on connaît, et de qui peut ou pas intercéder en notre faveur, ou encore nous faire jeter en prison ou nous en faire sortir que celui-ci s’appelle Tallien, Fouché, Barras, Robespierre ou Napoléon.

Il s’agit de la première partie d’une trilogie inspirée de la vie de Rose de Beauharnais devenue Joséphine Bonaparte et incluant aussi Passions et Chagrins de Madame Bonaparte et Le dernier bal de l’Impératrice que j’ai hâte de lire bientôt.

L’hôtel Ritz dans 15, place Vendôme Le Ritz sous l’Occupation par Tilar Mazzeo

Sous l’Occupation, tout comme avant la guerre, le Ritz synonyme de luxe et d’opulence était le lieu où on voulait être vu. Dès leur entrée dans Paris, les Allemands désiraient profiter de tout le lustre qui avait fait la réputation de la capitale française. Les plus hauts gradés dont Göring avaient réquisitionné un appartement au Ritz qui continuait à être fréquenté par de nombreux artistes parmi lesquels se trouvaient Arletty, Coco Chanel, Sacha Guitry ou Serge Lifar. Certains d’entre eux semblaient penser que leur célébrité les mettait à l’abri. Pourtant, leurs acquaintances pour ne pas dire fraternisations avec l’occupant, loin de passer inaperçu, allaient faire l’objet d’âpres interrogatoires quelques années plus tard.

De 1940 et 1944, l’hôtel de la place Vendôme semble avoir fourmillé de collaborateurs, d’espions et de résistants. Tandis que dans les appartements des liaisons se nouaient, des Juifs et des soldats alliés se cachaient dans des chambres de bonne.

Enfin, des nazis impliqués dans l’opération Walkyrie complotaient pour assassiner Hitler alors que d’autres accumulaient le butin de leurs pillages tant parmi des collections du Ritz que dans les riches demeures juives réquisitionnées ou encore dans les voutes des musées où les chefs-d’oeuvre les plus importants étaient entreposés dans l’espoir de les sauvegarder.

Plus tard, à la Libération, on y retrouve Hemingway qui offre des fêtes mémorables après avoir cherché à battre de vitesse son ami le photographe Robert Capa, ou sa femme Martha Gellhorn dans la couverture de l’entrée des Américains dans Paris.

Betty de Rothschild dans Le Portrait par Pierre Assouline

Le portrait en question a été peint par Ingres entre 1844 et 1848 et s’intitule Le Portrait de la baronne James de Rothschild, Betty pour les intimes. Après le décès de Betty, le 1er septembre 1886, on le suit dans ses locations et déménagements dans différentes demeures ou musées. À travers lui, Betty nous présente sa famille, ses amis, sa vie et nous raconte ce qu’elle voit et entend.

Comme je l’ai lu en français, je pensais que j’allais le dévorer en quelques jours. Ce ne fut pas le cas. Le début fut laborieux malgré l’évocation de l’affaire Dreyfus et des salons parisiens où on recevait les Proust, Chateaubriand et Balzac ainsi que des peintres, musiciens de renom et même plusieurs politiciens du moment.

Mais, à force de persévérance, je suis arrivée à la partie, que je trouve de loin la plus intéressante, alors que les nazis pillent les demeures abandonnées ou réquisitionnées des riches familles juives. On y apprend comment tous ces chefs-d’oeuvre ont failli être détruits quand les Allemands ont compris qu’ils avaient perdu la guerre.

Ce pillage était aussi bien documenté dans le livre sur le Ritz et on y retrouve les mêmes acteurs : le feldmarschall Hermann Göring, les marchands d’art Karl Haberstock et Hans Wendland ainsi que bien d’autres experts en arts. Mais là, on en apprend encore plus sur le transit et la sélection des oeuvres qui devaient fournir le Führer et son projet de musée du IIIe Reich, sans oublier les collections personnelles de plusieurs hauts gradés avec en tête Hitler et Göring.

Le fond et la forme

En plus d’apporter un éclairage particulier et de rendre vivants des pans méconnus de notre histoire, ces livres sont écrits ou traduits dans un excellent français. Ils m’ont ainsi permis d’élargir mon vocabulaire et de découvrir de nouveaux mots comme épastouflant, une berthe, busqué, Moabite, carcels, cercleux et des expressions comme être marri ainsi que bien d’autres. Il est donc bon de garder un dictionnaire à portée de main.

Pour moi, qui jongle encore avec ce projet de livre sur ma famille, il est remarquable de constater les formes ou trames narratives choisies par les auteurs pour raconter leur histoire. Dans tous les cas, on suit une certaine chronologie dans le déroulement des événements tout en utilisant un objet (journal intime ou tableau) ou encore un lieu (le Ritz ou les demeures des Rothschild) pour unir les différentes histoires ou chapitres. Si je devais en choisir un, je pense que ce serait Paris, ses arrondissements et banlieues dont je parle abondamment dans ce blogue et où mes ancêtres se sont croisés, unis et désunis au fil des siècles.

Certains de ces livres m’ont été suggérés ou prêtés par des amies. D’autres sont des découvertes personnelles. Je suis sûre que vous aussi avez fait de belles découvertes littéraires.

Belle fin d’été et bonnes lectures !

Publié par L'abécédaire de mes ancêtres

Bonjour, D'origine française, je vis au Canada depuis plus de 40 ans. Généalogiste amateure, j'essaye de retracer la vie de mes ancêtres. Grâce à l'aide inestimable de parents mais aussi à des photos d'époque et à des articles de journaux ainsi qu'à des documents d'état civil et d'archives, je m'efforce de remonter le temps. Les articles réunis dans ce blogue sont principalement destinés à ma famille mais aussi à toute personne intéressée à l'histoire du quotidien et de gens ordinaires ayant mené une vie supposément sans histoire. Dominique G.

4 commentaires sur « L comme Livres et Lectures de vacances »

  1. Un résumé de tes lectures d’été qui est très instructif. Le lien que tu fais avec ton projet de livre permet de constater que ce projet est toujours bien vivant. Le choix de la trame narrative selon des lieux, des arrondissements me fait penser à un guide de voyages. Bonne suite….

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